La perception de chacun des sens ne laisse que peu de place à la sérénité. D'où l'importance de limiter les stimulations sensorielles "parasites" dans son propre environnement.
Première impression
Voici la troisième fois que je recommence cet article. Le plus souvent, lorsque je rédige, les mots viennent tout seul, les doigts courent sur le clavier, les idées s’enchaînent, alors que cette fois, je me rends compte de la difficulté de l’exercice. Le message que je veux faire passer ici est vraiment difficile à exprimer. Insaisissable, impalpable, furtif… Lisez au-delà de mes mots…
La première impression lors de la rencontre d’un nouvel endroit... Une aventure, une découverte… C’est certainement le cas pour de nombreuses personnes, hyperesthésiques ou
non.
Vous entrez chez des amis, dans un bureau où vous êtes reçu, dans une salle de réunion, dans une chambre pour y passer la nuit…. Pouvez-vous faire une liste des perceptions et des sensations qui
vous assaillent, à ce moment, en une fraction de seconde ? Elles sont par dizaines, du bruit des pas sur le sol au chuintement de la porte qui s’ouvre, à la
température, au climat, voire au taux d’humidité de l’air en passant par l’intensité et la couleur de l’éclairage.
Pour moi, l’odeur, est, je pense la première impression ressentie. La vue est aussi importante. Capitale. La sérénité du lieu m’apaise, me propose confiance, j’y
trouve une sorte de sérénité ou, au contraire, je me sens « agressé » par la découverte d’un nouvel endroit.
Peut-être est-ce comme une rencontre ?
La charge et la présence des objets
L’espace, l’organisation des lignes, l’harmonie des couleurs, l’agencement des volumes, la lumière et son jeu dans les formes, … créent une impression de bien-être ou de malaise. Dans un premier temps, les décors chargés (kitch, comme on dirait chez moi) m’oppressent. Il m’a fallu du temps pour pouvoir poser des mots sur la sensation, le sentiment. Les intérieurs confinés, ou qui me paraissent comme tels à cause de la charge des objets présents, me donnent une impression d’enfermement. Je dirais presque de claustrophobie. Au contraire de l’espace de la lumière.
Le minimalisme
Sans vouloir m’aligner sur un quelconque mouvement ou tendance -je ne sais pas si c’est la vague minimaliste ou dénudée- un espace clair, avec peu d’obstacles au regard, peu de
points sur lesquels se blessent le flux visuel m’apportent un calme intérieur. Quelques (rares) objets, beaux, simples, expressifs, mis dans une belle évidence, suffisent pour meubler une pièce.
Là, je me sens bien. Le volume pour laisser flotter la pensée, l’esprit.
Il y a quelques années, j’étais chez des amis qui venaient de terminer leur (belle) maison. Ils devaient s’absenter quelques minutes pour faire une course et m’ont laissé seul dans leur
intérieur. Je me suis assis. J’ai laissé aller mon regard, je l’ai laissé se poser ou plutôt voyager sur tout ce qui m’entourait. Il a fini par se poser sur moi-même, sur l’âme.
Je suis convaincu que l’harmonie extérieure provoque l’harmonie intérieure. Les lieux de retraite monastiques, dans leur dénuement ont un effet similaire. Les moines, quelle que soit leur
religion, les communautés de réflexion d’ici ou d’ailleurs, … ont ceci de commun que le dénuement dans lequel ils vivent permettent à l’esprit de ne se poser sur rien
d’autre que l’essentiel : soi-même.
L’hyperesthésie pousse dans cette direction ; l’alignement, la sobriété, l’absence de superficiel, la douceur de la vue. L’espace, la lumière et la sérénité respectent l’âme ; ils aident
à aller vers l’essentiel.
Au quotidien
J’ai eu la chance de pouvoir réviser et réaménager complétement l’intérieur de mon habitation, il y a quelques années. Sans encore avoir la moindre notion d’hyperesthésie et de ses implications. J’ai organisé l’espace exactement comme je le sentais. Les espaces dénudés, la simplicité (et la continuité) des lignes, le jeu de la lumière esquivant tout obstacle sont autant de points qui m’ont paru, sans pouvoir l’exprimer en tant que tel, essentiels dans la conception. La place logique d’une étagère contemporaine, belle dans sa simplicité et sa pureté m’a paru évidente devant une grande baie vitrée. Au travers des casiers, la lumière s’enrichit des quelques objets rangés, comme une eau prend goût au contact d’un thé bien choisi. L’escalier de la pièce principale montre des lignes qui s’effacent au regard. La vue glisse sur les murs pour se heurter à la lumière.
La sérénité et le repos sans en avoir la conscience…
Tant qu’à faire, pourquoi ne pas transformer tout ce qui est dans la pièce en bel objet, en objet compatible avec une perception qui se heurte à ce qui n’est pas harmonieux ? Ne plus laisser le
hasard guider l’agencement de la pièce ?
Bien sûr, il y a les œuvres d’art.
Sans aller aussi loin, la mise en valeur des objets, beaux dans leur pureté, leur simplicité originelle, permet de les faire rayonner.
Votre intérieur vous correspond-il ?
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